Les valeurs représentent un ensemble de croyances et d’idées entretenues par un individu ou une organisation. Et plusieurs d’entre elles ont leur base ou se forment dans la culture et l’héritage reçus.

En termes de leadership, les valeurs ne doivent pas être confondues avec la morale et l’éthique. Plutôt, elles définissent ce à quoi un individu trouve utile de dévouer son temps et son attention.

Alors que les valeurs influencent et guident les leaders d’entreprise dans leurs décisions, elles laissent ainsi une empreinte dans leur vie extra-professionnelle.

Ce qui suit s’inspire d’une pièce de théâtre que mon père de qui j’ai énormément appris, avait étudié et joué dans son parcours scolaire.

Dans la 1ere partie, je vais rappeler de quoi il s’agit dans ce récit dramatique avant d’aborder le contexte littéraire dans lequel cette pièce de théâtre se situe.

Ensuite, dans la 2eme partie, je dévoilerai mon approche de solution à la problématique suivante :

Comment résoudre les dilemmes de notre société contemporaine ?

Ici dans cette 1ere partie, je fais référence au Cid de l’écrivain Pierre Corneille. La pièce de théâtre traite de 2 personnages principaux qui sont Rodrigue et Chimène.

Rappelons brièvement la scène :

Rodrigue et Chimène sont épris d’amour l’un pour l’autre.

Don Diègue est le père de Rodrigue et Don Gomes encore appelé Le Comte est le père de Chimène.

Pourtant, le jour même où l’amitié de ces 2 pères devrait être scellée par l’alliance de leurs enfants, voilà qu’une décision du roi vient créer une rivalité entre Don Diègue et le Comte.

En effet, le roi a confié un poste prisé de Gouverneur à Don Diègue. Par orgueil et jalousie, le Comte qui se voit plus jeune et plus méritant considère la décision du roi injuste. Les 2 pères arrivent à se chamailler et le Comte donne une gifle à Don Diègue – en français du 17e siècle, je devrais dire un soufflet. Que ne fût l’affront infligé à Don Diègue qui écume de colère en ces vers devenus célèbres :

Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !

N’ai-je donc tant vécu pour cette infamie

Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers

Que pour voir flétrir en un jour tant de lauriers ?

On pourrait bien continuer, mais je m’arrêterais là … ; car pour Don Diègue, au-delà de sa colère, et de son âge avancé, le point culminant de la pièce de théâtre se situe bien lorsque Rodrigue doit venger son père. Il affronte le Comte dans un duel et le tue !

Quel drame vous me diriez ! Cependant, il convient de souligner qu’à cette époque, l’honneur occupait une place importante ; à tel point que Don Diègue s’exclame en disant à son fils : Je t’ai donné la vie et tu me rends ma gloire – L’amour n’est qu’un plaisir et l’honneur est un devoir !

Et cette époque est celle du classicisme. Elle est marquée par des écrivains célèbres parmi lesquels Jean de La fontaine est peut-être le plus connu grâce à ses fables qui ont égayé notre enfance littéraire.

A l’approche de la 2e partie, on peut voir comment le dilemme cornélien, en référence à la situation dans laquelle Rodrigue se trouvait s’il ne voulait pas déshonorer son père et sa famille, vient soulever le caractère social et moral que représentait la période du classicisme.

Pour autant, qu’est ce qui caractérise nos sociétés modernes ? c’est bien le croisement d’identités et de cultures, où la recherche d’une morale partagée par tous est devenue quasi-impossible.

La définition de la morale a évolué et se confond souvent à ce qu’on appelle l’éthique.

Tout dernièrement, ces termes faisaient partie d’une rubrique lors du débat des chefs pour les élections fédérales en Octobre dernier. J’ai été marqué par l’intervention de Madame Lise Pigeon. C’est une dame d’une soixantaine d’années atteinte de sclérose en plaques et d’arthrite. Elle demandait avec une grande émotion que la loi actuelle sur l’aide médicale à mourir soit allégée pour les Canadiens et Canadiennes.

Et je pense que c’est l’une des rares questions qui avaient trouvé l’unanimité chez les politiciens qui s’affrontaient. Les réponses se résumaient comme suit :

  • Phénomène très nouveau au Canada et au Québec ;
  • Pour les individus et familles, il faudra trouver l’équilibre entre la protection des plus vulnérables et le respect des droits et choix de chacun et chacune.

Ainsi donc, depuis le dilemme cornélien jusqu’aux dilemmes contemporains, notre société a beaucoup changé et fort heureusement, l’honneur n’est plus forcément ce devoir qui conduirait aveuglement à une fatalité. Aujourd’hui au 21e siècle, Rodrigue aurait certainement eu bien des troubles avec la justice s’il ne se tenait uniquement qu’à sa notion de l’honneur !

A la lumière de ces faits, le drame présenté plus haut dans la pièce de théâtre serait évité si Rodrigue ou tout autre figure de proue du Cid avait agi en faisant montre de 4 vertus que la tradition biblique qualifie de cardinales :

Premièrement :         La prudence : c’est elle qui guide une décision, en fonction de la responsabilité, de la situation contextuelle, des conséquences.

Deuxièmement :       La force ou le « courage » qui est la capacité de tenir bon face à l’adversité.

Troisièmement :        La tempérance qui canalise les dérèglements afin de modérer les passions.

Quatrièmement :      La justice qui est la prise en considération du comportement avec autrui. Elle comporte une dimension sociale (respect du droit), une dimension économique (le sens du partage) et politique (égalité de tous).

En conclusion, pour résoudre les questions épineuses de notre société actuelle, osons puiser dans le riche catalogue des œuvres littéraires émanant de l’ère du classicisme. Et que cette démarche éthique et morale s’articule sur les 4 vertus cardinales. C’est dans le vivre-ensemble, lorsque ces vertus sont partagées à la fois par les acteurs politiques, et les personnes directement touchées par ces questions, que la société tout entière pourrait mieux appréhender la résolution des dilemmes de notre société contemporaine.