Le mentorat offre un moyen d’apprentissage dans lequel une personne d’expérience (le mentor) investit sa sagesse acquise et son expertise pour favoriser le développement du protégé qui a des compétences et des habiletés à acquérir et des objectifs personnels ou professionnels à atteindre.

L’écrivain Jean de La Fontaine a composé la célèbre fable intitulée Le laboureur et ses enfants que voici :

Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût.
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.                                                                            

L’on pourrait peut-être se demander ce que cette fable a à voir avec le mentorat? Cependant, lorsqu’on y prête plus attention, ce récit a un ancrage solide dans la pratique du mentorat. C’est un exposé subtil d’importants éléments qui ont contribué à définir ma compréhension de la relation mentor-protégé, et qui continuent de motiver mon expérience. Mais tout d’abord, je livre ici une de mes expériences passées qui met en lumière l’attention toute particulière que je porte au mentorat.

Imaginez un instant que vous avez obtenu votre diplôme il y a déjà quelques années, et vous venez de décrocher l’emploi que vous vouliez. A cette époque, l’enthousiasme de donner le maximum de moi-même n’avait d’égal que la crainte de ne pas réussir.

Un jour, je fis la connaissance d’un des managers qui avait été dans l’établissement depuis déjà plusieurs années. Il avait fait ses preuves et était très respecté de ses pairs. Il me donnait régulièrement des conseils avisés sur les relations de travail, le service aux clients, ou encore les règles à propos de ce qu’il fallait faire – et ce qu’il fallait éviter.

Je me voyais évoluer dans ce nouvel environnement sans être véritablement préparé à affronter ces obstacles. Ce qui était le plus remarquable en plus de sa disponibilité est le fait qu’il faisait preuve d’une grande lucidité. C’était surtout la manière et le processus de réflexion face à un problème qui donnait une toute autre dimension à mon apprentissage. Il me demandait aussi comment les choses en étaient arrivées à ce stade pour avoir une meilleure perspective afin d’éclairer la suggestion qu’il devait me proposer et améliorer mes résultats. Dès lors, je pris désormais l’habitude de mieux me préparer lorsque je devais le rencontrer.

De même, tout comme ce laboureur qui encourage habilement ses enfants à creuser, fouiller, bêcher, le mentor fait revivre son expérience et sa sagesse, en rappelant que nous sommes tous en pleine croissance et en plein apprentissage. Il rassure que la tâche ne sera pas aisée mais qu’ils y arriveront. C’est à travers cette tradition de partage d’informations et de connaissances par le père – leur mentor – que les enfants du laboureur tout comme les protégés découvrent de nouvelles idées, voient différentes perspectives et trouvent de nouvelles méthodes pour aborder les personnes, les sujets et les situations. Nul doute que les enfants du laboureur perpétueront les enseignements qu’ils ont reçus de leur père, lui-même qui avait appris ce métier et reçu le champ en héritage. C’est pourquoi ces quelques vers de cette fable m’inspirent grandement en traduisant comment le mentorat crée une expérience fort gratifiante à la fois pour le mentor et le protégé.

Du reste, quoique je n’aie compris que tardivement l’importance du mentorat, j’ai pu bénéficier ici et là de bons conseils qui m’ont véritablement servi. Qui plus est, dans une société ‘’bionique’’ que la pandémie de coronavirus a accéléré, et grâce à l’usage de la technologie qui est de plus en plus incontournable, l’internet donne accès aux savoirs et connaissances de nombreuses personnes et mentors virtuels sur lesquels l’audience pourra porter un regard critique.

Pour conclure, ces expériences ont eu un impact très positif en me faisant comprendre deux choses. Premièrement, que les mentors sont ces étendards qui aident à voir les problèmes et solutions de manière plus claire tant sur le plan personnel que professionnel. Deuxièmement, en indiquant la piste à suivre, celle-ci ne doit pas nécessairement être parfaite pour être bonne. En plus, alors que nous évoluons dans un monde virtuel et hyperconnecté, le mentorat est contraint de prendre une autre forme tout en continuant de jouer ce rôle clé. Mais pour l’essentiel, il permet de faire ressortir forces et faiblesses et d’acquérir de nouvelles aptitudes. Il est important que le mentorat imprime à tous et à chacun un réel intérêt et suscite un véritable engagement car un protégé est appelé lui-aussi à être un mentor pour une tierce personne. Les retombées ne pouvant être que positives.